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Vues de l'Esprit...
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14 octobre 2008

Mon doux pays, l'Algérie...

Embl_me_national





Terre de toutes les convoitises… depuis la nuit des temps !
Des images déferlent dans mon esprit !
Elles sont aussi bouleversantes, les unes que les autres !
Je suis né en porte à faux, de tous ces faux espoirs et de toutes ces désillusions !                         L’année 1954, année de toutes les bénédictions, symbole de notre unité nationale, allait brutalement détruire et à jamais le mythe hideux, déjà fragilisé par Dien Bien Phu, du colonialisme français à l’aube de la fête des morts…

Un mauvais présage pour ceux qui depuis 1830, semaient la mort et la désolation, malgré toutes les tentatives héroïques de nos vaillants résistants à travers les siècles !

A sept ans déjà, j’étais très fier de voir là, devant moi de vrais moudjahidine en chair et en os !       Je n’en revenais pas…
Puis, les choses se précipitèrent !

L’action psychologique de la SAS, la déclaration obligatoire de tout hôte à la SAS (billet rouge), le découpage des quartiers en îlots, les grèves, les manifestations d’un peuple en délire, le crépitement des balles, les explosions, les actions spectaculaires des fidaïyne…

Mon jeune oncle fut le premier chahid à El Harrach…

Juste devant notre école, les soldats nous forçaient à effacer toutes les inscriptions et graffiti sur les murs des alentours ! On s’exécutait, nos petits yeux fixés sur les gros bergers allemands qui tiraient nerveusement sur leurs laisses…

L’Algérie tanguait !
Elle prenait eau de toutes parts !
Était-ce la fin ?

Puis, ce furent les ratissages de nuit comme de jour et les rafles systématiques…
Une nuit, les soldats n’ayant pas trouvé mon deuxième oncle chez nous, durent emmener mon pauvre père ! Notre maison grouillait de soldats !                                                                                          Je sentais mes petits os qui craquaient de toutes parts…
J’étais terrorisé ! Juste après le départ des soldats, ma mère me prit par la main et s’empressa en plein couvre-feu, d’aller avertir mon oncle qui était chez ses beaux-parents sur les hauteurs de Diar El Mahçoul ! Il était recherché pour un attentat contre la Pergola à Hussein Dey !

C’était la dernière fois que je voyais mon oncle…

Puis, ce furent les multiples pérégrinations pour retrouver mon père entre l’école de la cité PLM transformée en caserne de fortune et… la caserne des trois caves !
En passant par les autres centres de détention : El Harrach, Berrouaghia, Tefeshoun et Serkadji… plus de trois ans !

J’entendais des mots dont je ne saisissais pas encore le vrai sens ! L’indépendance…                        Un mot magique !
Je vis l’emblème national ! Ma mère dégageait les tuiles une à une et il était là, devant mes yeux ! J’étais figé…   

Les images galopaient dans ma tête, véritable Kaléidoscope !

Et, ce fut la délivrance ! Des journées folles…                                                                                                    Le drapeau flottait au su et au vu de tout le monde !
Les youyous stridents des femmes… Un véritable enchantement !

A l'occasion du voyage du président Charles de Gaulle, dans le quartier algérois de Belcourt, j'avais dix ans et je goûtais pour la première fois au gaz lacrymogène en me retrouvant mêlé dans une cohue indescriptible, lors d’une manifestation en décembre 1960, tout près de la cité indigène ou cité évolutive ! (près de Bachdjarah)

Ma mère était folle d’inquiétude…
On courait dans tous les sens…
L’Algérie est en liesse !
Ces manifestations pacifiques, intervenaient en réponse à celles organisées par les colons les 09 et 10 du même mois, en soutien au président français Charles de Gaulle à Ain Témouchent...

Manif_1960













En 1962, j’étais encore très jeune ! Une génération de sacrifiés ! Ni 54 ni 62 !                                         De la chair à canon sacrifiée sur l’autel de la cupidité, de la vanité et de l’orgueil mal placés !
Et, le 19 mars 1962, les rangs des moudjahidine grossirent à perte de vue…                                            La machine infernale se mit en branle ! C’était le début de toutes nos désillusions !

Il est parfois très difficile de faire la part des choses avec des activistes de la mémoire qui souffrent d’amnésie et surtout quand tout se situe à la limite de leur propre vision simpliste des choses…
Vouloir falsifier le cours de l’histoire en éludant des pans entiers de cette histoire qui nous est de
surcroît commune, relève d’une imposture et d’un esprit malveillant à court d’idées…

Dans une guerre, il y a au minimum deux antagonistes !
Pour la France, c’est la guerre d’Algérie !
Pour nous algériens, c’est la noble ” guerre de Libération !”

Personne n’a demandé à la France, de venir pacifier l’Algérie, en 1830 !
Alors, comme ça, la colonisation est une grande œuvre de civilisation, de pacification et… d’évangélisation ! ” Ubi solitudinem faciunt, pacem appellant ”                                                                      Si on se réfère à l’article 1 de la loi du 23 février 2005, les faits sont là ! Ainsi, ces cinq siècles de colonisation d’après certains politiciens français, sont pour nous autres indigènes, une bénédiction ! Et nous sommes tenus de nous réjouir de ces bienfaits même si tortures il y a, même si massacres il y a et même si enfumades (comme ce fut le cas en 1845 de toute une tribu, dans les grottes d'El Kantara) il y a, au nom de l’émancipation et au nom de toutes ces valeurs républicaines et salvatrices que la France généreusement altruiste nous a inculquées !
Bien sûr, nous étions des indigènes que la France a émancipés !
Et, nous devons dire, merci ! N’est-ce pas ?
Non, messieurs, vous vous êtes encore une fois trompés d’époque !
A cause des malheurs de la colonisation, nous avons perdus tous nos repères !

Reprenez vos ponts, vos routes, vos immeubles, votre civilisation et tout le reste ! On en veut pas… Mais rendez nous nos morts !

Avant l’indépendance, le peuple algérien n’aspirait qu’à une seule chose : être libre !
Une liberté que rien au monde ne pouvait égaler. Elle était TOUT ou RIEN !
Mais, à peine sorti d’une des guerres les plus horribles que l’histoire ait connue, il se retrouva encore une fois, plongé dans un cycle effroyable de violence sporadique…
Les événements douloureux de 1962, 1965, et de 1967 avaient failli remettre en cause ce fragile équilibre et par là même, mettre en péril l’unicité à peine retrouvée de notre jeune pays, durement éprouvé par sept longues et tragiques années de guerre…

L’Algérie ne pouvait se permettre cela ! Trop de sang !
Le 29 août 1962, le peuple en colère l’a fait avoir, en descendant dans la rue…
Il est vrai aussi que cette illustre révolution a été portée aux nues par un peuple sincère et courageux qui s’est sacrifié, en bravant les dangers les plus grands !                                                     Dans son ensemble, c’est LUI le Grand Moudjahid !
Le Seul Authentique Moudjahid…                                                                                                                         Le FLN ne pouvait jamais prétendre à la victoire sans l’aide précieuse de ce valeureux peuple avec toutes ses nobles composantes…

Les grandes nations ne doivent leurs grandeurs qu’aux différents brassages de races, à travers leurs histoires… La crainte d’une éventuelle colonisation future a, peut être, poussé les responsables post-indépendance à durcir les rangs, avec une tendance un peu psychopathe à militariser la nation ! Plus jamais cela, devait être leur credo ! Ce fut long, ce fut dur pour un peuple qui à peine sorti d’un asservissement, se retrouva ipso facto sous l’assujettissement du FLN !
L’ALN devint l’ANP, c'est bien ! Et le FLN patrimoine national, devait normalement devenir...FNP !
Mais, des années durant, le FLN perdit ses repères, ses engagements et…ses lettres de noblesses !

Il est du devoir moral de tout algérien qui se respecte d’honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts, nonobstant toute coloration politique, pour que l’Algérie retrouve sa dignité et son indépendance. Néanmoins, devant la réticence de ceux qui ont fait l’histoire, beaucoup d’événements seront gravement altérés par achronie, semant le doute et le désarroi dans l’esprit du profane.

Ceux qui ont fait la révolution de l’histoire, doivent impérieusement réécrire l’histoire de la révolution pour la préservation de notre héritage collectif.
Il est certain que depuis 1973, l’Algérie à l’instar de tous les pays qui ont connu les affres de la guerre, aspirait à la mise en place d’un organisme spécialisé dans la recherche historique, capable de procéder par empathie, à la collecte des archives nationales relatives à son histoire depuis l’invasion coloniale…

Tâche, Ô combien ardue mais devant, surtout s’articuler autour d’une méthodologie heuristique, seule garante des faits ! Les archives détenues par les français, ne peuvent être accessibles qu’après un délai de prescription extinctive d’au moins cinquante ans ! Le recours à la tradition orale malgré toutes ses réminiscences, doit nécessairement obéir à une rigueur stricte dans les recoupements, la localisation des faits, la nature des événements…
Une hagiographie serait dans ce cas, facilement décelable !
Le regroupement du Hadith Echarif dans sa transmission orale, est limité à deux sévères critères :
légitimité des sources et validité des données…

Mais quelles sont donc, ces préoccupations majeures qui transforment, en de féroces antagonistes, les frères alliés d’hier ? Bien sûr, dans de pareilles situations, il n’y a ni vainqueurs ni vaincus car les pertes sont dans le même camp ! Et, pourquoi donc, faut-il, que de générations en générations, se payent à chaque fois, les égarements du passé ? Ceux qui ont hier, avec bravoure et générosité écrit l’une des plus belles pages de notre histoire n’étaient que de simples mortels capables du meilleur comme du pire…Et, que leur soient pardonnées, les erreurs d’appréciation du moment !
Affronter avec conviction et détermination un ennemi aussi puissant que la France avec son incroyable logistique et sa cohorte de généraux, n’est ni chose aisée ni à la portée du premier venu ! Il fallait tout d’abord à l’époque, vaincre sa propre frayeur et renoncer à tout ce que l’on aime !

Seule en vérité, une race d’hommes pouvait le faire, la génération de Novembre !

Et, en quoi leur sommes-nous meilleurs ? A tous ceux là, nous exprimons avec respect et sans vanité, notre sincère gratitude et notre éternelle reconnaissance !

Il est possible dans ce cas là, dans un cadre purement démocratique, que l’Algérie, cette terre féconde et magnanime puisse réunir en son sein nourricier tous ses enfants, quelque soit leur coloration politique, leur appartenance ethnique ou leur conviction religieuse…

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